Le football sénégalais traverse une zone de turbulence. La récente suspension des subventions publiques aux clubs engagés en compétitions africaines a mis en lumière une dépendance persistante au financement externe. Face à cette situation, la Fédération sénégalaise de football (FSF) est intervenue en débloquant 50 millions de FCFA pour soutenir le Jaraaf de Dakar et Génération Foot, qui représenteront le Sénégal en Ligue des Champions et en Coupe de la CAF. Cette action relance un débat ancien : les clubs doivent-ils dépendre de l’État et de la FSF ou construire leur autonomie économique ? Depuis 1961, l’État sénégalais soutient financièrement les clubs, sous l’ère Senghor, afin de leur permettre de défendre les couleurs nationales en Afrique. Pendant plus de six décennies, cette pratique a assuré la participation régulière de clubs comme l’ASC Jeanne d’Arc, la Linguère de Saint-Louis ou plus récemment les Douanes et le Casa Sport. Aujourd’hui, ce rôle est en partie repris par la FSF, qui agit comme tampon financier lorsque des clubs se retrouvent en difficulté. La récente injection de 50 millions FCFA souligne l’importance de cette structure fédérale dans le maintien de la compétitivité internationale des clubs sénégalais.
Si l’aide de la FSF garantit la présence des clubs sur la scène continentale, elle comporte des risques : dépendance financière, gestion non optimale et fragilisation de la compétitivité lorsque les clubs n’ont pas les ressources propres pour couvrir déplacements et logistique. Le Jaraaf et Génération Foot, qui ont dû attendre l’intervention de la FSF pour couvrir leurs frais, illustrent parfaitement ces risques. Pour les clubs, devenir financièrement autonomes implique de diversifier leurs revenus via le sponsoring privé, la billetterie, le merchandising, la formation et les transferts, ainsi que la monétisation des droits TV et numériques. Mais le marché sénégalais reste limité, ce qui rend l’autofinancement complet difficile à court terme. Une approche réaliste pourrait combiner un soutien ponctuel de la FSF uniquement pour les compétitions internationales, avec des critères stricts de performance et de gouvernance, tout en renforçant le modèle économique des clubs et en encourageant le sponsoring privé à travers des incitations fiscales et une meilleure visibilité médiatique. Cette approche assure la compétitivité tout en incitant les clubs à devenir autonomes.
La récente intervention de la FSF pour soutenir le Jaraaf et Génération Foot a évité un fiasco logistique et financier. Cependant, l’enjeu à long terme reste l’autonomie des clubs sénégalais. La combinaison d’un soutien ciblé de la FSF et du développement de sources de revenus propres constitue la meilleure stratégie pour assurer une présence pérenne du Sénégal sur la scène continentale.